Diapason
Michel Roubinet
Diapason-05-2001-1554
Tant pour Sweelinck et ce «Niehoff» de Liège que pour l'interprète : magnifique.

C'est a un authentique voyage dans le temps et à la facture Renaissance que nous convie ce disque Sweelinck. Construit en 1600, probablement par Nicolas Niehoff ou Florent Hocquet, très modifié au fil des siècles, il a été scrupuleusement reconstruit par Guido Schumacher dans l'étonnant buffet bleu et or d'origine (34/III+Péd.), avec un grand clavier conçu dans l'esprit du fameux Blockwerk hérité du Moyen Age. Le tempérament mésotonique confère aux œuvres une saveur indéfinissable, d'une tension et d'une intensité extrêmes, ainsi dans la fameuse et ici monolithique Fantasia chromatica - preuve, une fois pour toutes, serait-on tenté de dire, qu'un tempérament largement inégal est indispensable pour une interprétation véritablement rayonnante de ce répertoire. Le programme alterne avec discernement pièces libres (toccatas, fantaisie en écho), polyphoniques (ricercar) et en forme de variations (Onder een Linde groen, Mein junges Leben hat ein End, Ballo del Granduca...), chacune parée d'une admirable plénitude des timbres et d'une envoûtante présence. Serge Schoonbroodt, dont on avait surtout relevé l'aisance dans l'enchaînement de petites formes (Lambert Chaumont, Gilles Jullien), pour la première fois s'épanouit dans l'élaboration d'œuvres complexes et développées, reconnaissant que le génie même de Sweelinck lui a été révélé par cet orgue Renaissance et l'univers qu'à lui seul il recrée. Tant pour Sweelinck et ce «Niehoff» de Liège que pour l'interprète : magnifique.