Les premières notes (Fantasia chromatica, au ton pathétique) cinglent ... tant le tempérament mésotonique surprend par sa verdeur, et puis I'oreille s'habitue pour enfin s'intéresser au langage, aux rythmes, à l'harmonie et aux timbres. Timbres de l'instrument d'abord (trois claviers, pédale) qui dispose de nombre de jeux d'anches, de jeux flûtés et d'un Plein-Jeu à chaque clavier, ce qui lui confère une palette tes riche en couleurs. Palette sonore dont Sweelinck avait largement l'usage pour les besoins de ses "concerts" quotidiens, l'orgue étant alors exclu du service religieux. La musique instrumentale de Sweelinck qui illustre principalement deux genres, la Fantaisie et la Variation, se démarque de la manière de son époque (le triomphe de la quasi improvisation à I'italienne). L'écriture des pièces se structure sur un thème unique qui s'enrichit peu à peu de contre-sujets sans que le sujet principal disparaisse; jamais il devient alors possible d'élaborer des pièces variées mais cohérentes de vastes dimensions. Sous-jacente l'immuabilité métrique.
C'est donc à un concert qui utilise tous les genres abordés par le compositeur (Fantaisies, Variations dont les splendides 6 Variations sur "Mein junges Leben", BaIletti, etc.) que nous invite Serge Schoonbroodt. Pari réussi: on trouve ici de Ia poésie alliée à une certaine âpreté, de la fantaisie sur fond de rigueur, et toute la richesse sonore, de la plus raffinée à la plus généreuse.
Belle prise de son.