La gloire des Sonates de Jean-Marie Leclair par la violoniste Hélène Schmitt
Jean-Marie Leclair, compositeur et violoniste français du XVIIIᵉ siècle nous réserve encore quelques surprises. Son Quatrième Livre représente un sommet dans son abondante production, défendu par Hélène Schmitt, spécialiste du violon baroque.
Les sonates pour violon et basse continue du Quatrième Livre sont publiées en 1743 lorsqu'à 46 ans Jean-Marie Leclair est au sommet de son art. Elles sont le témoin de son génie inventif, expressif et narratif d'un discours baroque nouveau et surpassant ses propres œuvres précédentes et celles de ses contemporains. Dès le début du disque nous sommes plongés dans un bain sonore magnifiquement exposé par une prise de son immersive et rayonnante. Le label Aeolus nous a habitués à une telle qualité acoustique, quelles que soient les formations instrumentales.
L'archet charmeur d'Hélène Schmitt porte ces Sonates de bout en bout, gorgées d'italianismes que le compositeur avait intégrés dans son art, suite à sa rencontre dans les Flandres avec le grand virtuose italien du violon Pietro Locatelli. Traditionnellement écrites en quatre mouvements (lent-vif-lent-vif), elles se révèlent attractives par un premier mouvement rempli de prouesses techniques et mélodiques. Le dernier mouvement, quant à lui, offre à chaque fois de belles surprises basées sur des mouvements de danse (Gigue, Tambourin ou Chaconne).
Ces œuvres reposent sur un riche continuo efficacement assuré par Francisco Mañalich à la viole de gambe, entouré de Jonathan Pesek au violoncelle et François Guerrier au clavecin. Cet ensemble de musiciens crée une ambiance harmonique et acoustique, tel un écrin au sein duquel scintille, tel un diamant aux mille facettes, le violon historique de Michele Deconetti (Venise 1764). Ces œuvres virtuoses, aux difficultés techniques nombreuses mais dissimulées par un jeu vif orné d'affects et de contrastes, préfigurent déjà une forme de romantisme avant l'heure. La pochette annonce qu'il s'agit là du volume 1, on imagine et on espère une suite à ce cursus de douze sonates dont quatre nous sont ici proposées.
Après ses incursions remarquées dans les musiques allemandes et italiennes, Hélène Schmitt s'impose également dans le répertoire français, une nouvelle fois souveraine dans ces textes flamboyants à l'apogée de cette rhétorique baroque si chère à leurs auteurs.